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Produire du lait B : à chacun de faire ses comptes

Développement. Pour certains éleveurs, s’agrandir implique de produire du lait payé au prix B. Une étude d’opportunité s’impose pour vérifier la rentabilité de la démarche.

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A fin d’accompagner les stratégies de développement des exploitations laitières et de maintenir une forme d’encadrement des apports de lait, certaines laiteries, lors la sortie des quotas, ont choisi une gestion « volume/prix » différenciée des contrats laitiers.

Concrètement, au démarrage, cela s’est souvent traduit par la partition de la référence historique en deux volumes, A et B. Le volume A, de l’ordre de 90 à 95 % du contrat historique, est valorisé selon le mix-produit de la laiterie. Le solde, attribué en volume B, concerne des volumes destinés spécifiquement au marché grand export, dont le prix est calé sur la valorisation « beurre-poudre ».

En parallèle, ces laiteries ont donné la possibilité de produire au-delà de ce volume de base A/B. Ces volumes supplémentaires, attribués sur demande des producteurs – avec prise en compte des débouchés potentiels des laiteries –, viennent s’ajouter à la partie B du contrat. À noter que ces entreprises ont souvent introduit dans le contrat une limite à la proportion de lait B, afin de tenir compte des aléas du marché grand export et sécuriser financièrement le développement des élevages laitiers concernés.

Y a-t-il un intérêt à développer l’atelier lait avec du lait B ?

Chaque laiterie engagée dans cette politique de volumes différenciés a défini des règles spécifiques de gestion du dispositif, notamment dans le calendrier de production.

Au regard des prix perçus pour le lait B, cette question semble légitime car les producteurs souhaitant développer leur atelier lait peuvent se voir proposer par leur laiterie un volume supplémentaire en lait B – sous réserve, bien sûr, que cette dernière considère pouvoir disposer des débouchés afin d’écouler cette production. À noter aussi qu’en dehors de cette stratégie de croissance interne, chaque laiterie a mis en place des règles spécifiques pour les exploitations connaissant des événements particuliers (installation, regroupement…).

Les motivations des éleveurs à augmenter leur volume de production peuvent être diverses, et parfois complémentaires :

-rechercher un revenu supplémentaire, ou simplement limiter l’érosion du revenu existant ;

-accompagner un investissement important (bâtiments, robot, salle de traite…) qui va améliorer les conditions de travail ;

-saturer l’outil de production existant ;

-augmenter le contrat laitier en lait B avec l’espoir de le transformer progressivement en lait A ;

-disposer de ressources pour financer de la main-d’œuvre salariée…

Quels sont les paramètres essentiels à considérer ?

Dans le cas d’un volume supplémentaire significatif – plus de 10 % du volume initial –, il est souhaitable, avant d’en faire la demande, de mener une réflexion afin de vérifier la faisabilité et l’intérêt économique de ce développement.

Avant d’envisager de produire davantage, une évaluation de la situation initiale s’impose, globalement et sur différents volets.

Humain : temps de travail supplémentaire, capacité de l’exploitation à l’absorber, modalités envisageables.

Technique : nombre de places en bâtiment pour les animaux supplémentaires (vaches, mais également veaux et génisses), couverture des besoins en fourrage et en paille.

Réglementaire : capacité de stockage, conformité des installations classées.

Économique : axes potentiels d’amélioration de la marge brute de l’atelier lait.

Financier : recenser et chiffrer précisément les besoins en trésorerie nécessaire à ce développement. Cela afin de couvrir notamment les annuités liées aux éventuels investissements ; l’acquisition de parts sociales au sein de la coopérative, le cas échéant (variable selon les laiteries) ; la capitalisation en cheptel supplémentaire (1 500 à 1 700 €/VL supplémentaire).

Il conviendra aussi de prendre le temps de vérifier la cohérence de ce développement avec le système de production initial, et son impact éventuel sur :

•la conduite du pâturage, s’il représente une part importante de la ration et contribue à la maîtrise des coûts alimentaires ;

•l’adaptabilité future de l’exploitation, à un système avec plus d’herbage ou à l’agriculture biologique, par exemple ;

•la transmissibilité de l’exploitation. Pour les producteurs qui envisagent leur retraite, cette stratégie favorisa-t-elle l’attrait de candidats à la reprise ?

À certaines de ces questions, il est facile et rapide de trouver une réponse. Pour d’autres, cela peut être plus complexe et nécessiter le temps de la réflexion. En parallèle, ce projet devra être testé sur le plan économique pour s’assurer de sa rentabilité, quel que soit l’objectif recherché, que ce soit du revenu supplémentaire ou la couverture de nouvelles charges (investissements, salariat…).

Afin d’illustrer la méthode, voici les études de deux cas aux profils d’exploitation laitière et aux conduites d’élevage distincts, rencontrés sur le même secteur géographique.
CAS n° 1 CAS n° 2
Gaec des 2 Vallées Gaec des Collines
Associés Jean-Marie et Sylvain Maeliss et Frédéric
Droit à produire 900 000 l 520 000 l
Effectif troupeau 110 vaches 68 vaches
SAU 130 ha 95 ha
Céréales 50 ha 25 ha
Chargement 2 UGB/ha SFP 1,4 UGB/ha SFP
Pâturage 8 ares/VL 30 ares/VL
Logement VL 130 places (logettes) 75 places (logettes)
Traite Deux robots Salle de traite 2 x 6
Coût alimentaire (moy./3 ans) 105 €/1 000 l 70 €/1 000 l
Impact du lait B (moy./3 ans) - 5 €/1 000 l - 3 €/1 000 l
Marge brute lait (moy./3 ans) 215 €/1 000 l 275 €/1 000 l
  (soit 2 300 €/ha) (soit 2 150 €/ha)

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